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Louis XV (1710-1774) est l’héritier de Louis XIV et le roi de France et de Navarre.
Arrière-petit-fils de Louis XIV, il n’est initialement pas destiné à régner. Mais une série de maladies emporte son grand-père, son père et son frère ainé entre 1710 et 1715, le plaçant soudainement à la place d’héritier à l’âge de deux ans seulement. Sa santé est fragile mais sa gouvernante le protège des médecins et de leurs saignées, qui ont sans aucun doute tué son frère.
A 4 ans, il est confié à un précepteur, l’abbé Pérot : il lui apprend à lire et à écrire, lui enseigne des rudiments d’Histoire et de géographie, mais se concentre surtout sur son apprentissage religieux. A 5 ans, le petit Louis reçoit aussi un maitre à danser et un maitre à écrire.
Il commence sa vie politique à 5 ans, sous l’apanage du roi. Avant de mourir, celui-ci lui parle de son futur rôle, sachant d’avance la pression terrible à laquelle sera soumise l’enfant. Louis XIV est lui aussi devenu roi à 5 ans, en temps de troubles, et il craint pour son successeur. Il lui enjoint d’être pacifique avant tout et de prendre soin de son peuple avant tout.
La régence est d’abord assurée par son cousin, le Duc d’Orléans, de 1715 à 1723. Il ramène l’enfant à Paris, pour le rapprocher du peuple, inquiet de potentiels troubles conduisant à une nouvelle Fronde.
La formation du petit roi continue à partir de ses 7 ans avec des hommes : il apprend tous les rituels de Versailles mis en place par Louis XIV, tandis que son précepteur, de Fleury, lui enseigne le latin, les mathématiques, l’histoire, la géographique, la cartographie, le dessin, la chasse, la danse, ainsi que des bases d’astronomie et de typographie. Le petit Louis n’aimait guère la musique, mais était fasciné par l’architecture.
En 1722, le Régent, las de l’hostilité des parlementaires et des Parisiens, rétablit la cour à Versailles. Louis XV est sacré roi en 1722, et est fiancé à la fille du roi d’Espagne, Marie-Anne-Victoire, âgée alors seulement de trois ans. Il devient majeur l’année suivante, à 13 ans, comme c’était de coutume pour les rois.
Son rôle royal avait alors seulement consisté à de la représentation. Le jeune roi laisse le duc d’Orléans à la tête des conseils royaux, et le cardinal Dubois comme Premier Ministre. Ils meurent cependant en 1723 et la Régence prend fin, même si le roi est trop jeune pour diriger. Le royaume est en paix, l’économie en cours de rétablissement. Mais la tension avec les Protestants et les Parlements demeurent, ce qui influencera grandement son règne.
Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé, devient premier ministre. Orgueilleux, mal avisé, il est incapable d’assumer son travail et abandonne le gouvernement à sa maitresse. Le Cardinal Fleury, précepteur de Louis XV, le fait exiler en 1726. Il a cependant eu le temps de rompre les fiançailles du roi avec l’Espagne, provoquant une nouvelle crise politique, et de lui faire épouser Marie Leszczyńska, la fille du roi de Pologne détrôné. Le mariage n’est pas considéré comme glorieux, mais les deux époux tombent amoureux et se marient en 1725. La reine devient vite populaire pour sa charité.
Le cardinal de Fleury devient le premier ministre officieux : il dirige jusqu’en 1743, en duo avec le roi, qui, très timide et peu heureux dans son rôle, ne s’intéresse guère à ses fonctions. Le Cardinal s’entoure d’hommes plus jeunes et cultivés, qui l’aident à donner au royaume une grande stabilité. L’économie prospère et les finances sont assainies. Il peine cependant à contrôler les différentes factions de la cour. Bien que pacifiste, il acquiert par la guerre la Lorraine et le Barrois.
Le Cardinal de Fleury meurt en 1743 et le roi, alors âgé de 33 ans, commence enfin à régner de lui-même. Timide et peu confiant en ses capacités, il sépare immédiatement les sphères privées et publiques, et agit beaucoup par le biais de l’écrit. Il s’entoure d’administrateurs brillants, ne voyant que peu ses ministres et préférant se fier à son réseau secret de diplomates et d’espions. La succession de différents ministres de tendances opposées, les doutes du roi et son manque d’intérêt pour la politique, affaiblissent la pouvoir royal et la place de la France en Europe. Le pays connait cependant de grands succès militaires en Europe, acquérant la Lorraine, le duché de Bar, et la Corse. Elle perd néanmoins de nombreuses colonies au profit des Anglais.
Louis XV gouverne dans une période de profondes mutations culturelles, politiques et économiques. Les philosophes des Lumières font leur apparition, accentuant le désir de changement et d’évolution du pays. Les tensions avec le Parlement sont fréquentes, abimant l’image du roi, un fait accentué par la présence de nombreuses maitresses, dont la brillante Marquise de Pompadour. Celle-ci soutient le roi dans le développement des arts et de l’économie, qui florissent. Mais la réputation de plus en plus sulfureuse du souverain, à la vie sexuelle débridée, détruit son image, le rendant impopulaire auprès du peuple qui le juge faible.
La fin des années 1750 et les années 1760 sont marquées par de nombreux deuils : le roi perd sa fille Henriette en 1752, son ainée en 1759, son petit-fils et second successeur en 1761, sa petite-fille en 1763, Madame de Pompadour en 1764. En 1765, il perd successivement son fils, le dauphin, dont la vie morale irréprochable l'édifiait, et son gendre le duc de Parme. En 1766, c’est le tour de son beau-père, puis l’année suivante, sa fille la dauphine, veuve inconsolable qui avait contracté la maladie de son mari en le soignant. Enfin, en 1768, meurt la reine. En parallèle, le roi voit dévasté la plus jeune de ses filles entrer dans les ordres, dans l’espoir de sauver l’âme de son père. Il lui faut aussi se consacrer à la formation de son petit-fils le duc de Berry, futur Louis XVI.
La popularité du roi est depuis longtemps ternie lorsqu’il décède en 1774 de la variole, allant même jusqu’à provoquer des festivités dans Paris, comme il y en avait eu pour Louis XIV.
Louis XV ne souhaitait pas être roi, et a régné à une époque de profondes mutations. L’ombre de son arrière-grand-père n’a jamais cessé de le hanter, accentuant ses doutes en lui-même et sa fragilité. Son règne a été celui de la transition, qui a continué sous celui de son successeur, Louis XVI, allant jusqu’à la Révolution française.
